Qu’est-ce que la qualité ?

Écrit le 1er déc. 2008 par dans : « Rapports commerciaux ».

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De la belle théorie à la belle pratique.

Qu’est ce qui fait que tout le monde s’accorde à trouver « mieux » une affiche réalisée par un grand graphiste que celle réalisée par un enfant pour une kermesse ? Sur quoi se basent certains chefs de projets d’agence dans leur recherche de productions « quali. » à proposer à leur client ? La qualité objective d’un produit de communication.

Définition

Contrairement à ce que beaucoup ont l’air de penser, la qualité, au sens qui nous intéresse, n’a rien d’une donnée subjective. Elle est, en l’espèce, tout sauf une question de « goût ».

La qualité est une valeur qui s’établit selon des facteurs totalement objectifs et quantifiables.
Les normes ISO, équivalents à des labels de qualité accordés à divers produits, services, processus qui répondent à des standards extrêmement précis, sont là pour le prouver.

Rapportée à notre niveau, la question trouve réponse dans une phrase simple : la qualité, c’est répondre aux besoins implicites et explicites de son client.

  • Aux besoins, et pas aux envies ni aux goûts (même si vous devez composer avec). Quel message, pour quelle cible, avec quelles contraintes, dans quel but ?
  • Explicites, car votre client vous demandera de lui-même certaines choses.
  • Implicites, car il n’est pas non plus graphiste ou illustrateur et en oubliera beaucoup d’autres, ou ne saura pas les exprimer dans un vocabulaire effectif.

Application

Faire de la qualité commencera donc par prendre en compte l’ensemble des données et du contexte, comprendre votre client mais aussi sa situation, « combler les trous » du brief, corriger les demandes inadaptées et diriger vers les meilleurs choix, se poursuivra en concevant et réalisant le produit final répondant le mieux à l’ensemble, puis se finira en vérifiant que tout a été fait au mieux.
Si vous voulez faire de la qualité vous n’êtes donc là ni pour exécuter bêtement toutes (et seulement) les demandes de votre client, ni pour imposer votre vision personnelle des choses au mépris de ses besoins réels.

Pour un professionnel de la création graphique, c’est bien plus une question de compétences et de culture (pour savoir comprendre ou choisir l’univers de référence, s’adresser le mieux possible à la cible, connaître les solutions effectives…) que de goûts personnels. Ceux-ci entrent évidemment en compte dans vos choix (vous êtes un créatif), mais ne doivent pas être votre seul guide.

Il vous faudra donc faire la part des choses entre ce qui vous plaît et ce qui est efficace, mais aussi apprendre à diriger le client, quitte à entrer parfois en opposition avec lui si vous êtes convaincu que votre choix est le plus efficace.
Ne vous méprenez pas, toutes proportions gardées et dans la limite du raisonnable, la plupart des clients attendent aussi ça de vous. S’ils vous ont appelé c’est qu’ils savent que c’est votre métier, pas le leur, et ils respecteront vos conseils si vous prenez le temps de les justifier et de les expliquer.

Typiquement, face à un client qui vous explique qu’il veut « du jaune parce que ma femme préfère le jaune », vous ne pourrez pas vous contenter de répondre « non du bleu, c’est mieux le bleu ». Il faudra expliquer pourquoi, et surtout pourquoi ça répond mieux à ses besoins (y compris ceux auxquels il n’a pas pensé). S’il apparaît clairement que c’est la qualité qui motive vos recommandations, elles passeront bien plus facilement.

Étendue

Enfin, prenez en compte le fait que la qualité n’intervient pas que dans l’objet de la collaboration. Pour être optimale elle se doit d’être présente tout au long de la collaboration elle-même, en englobant l’ensemble de ce qui constitue votre prestation de service : processus de travail, relation client, gestion de planning, circulation de l’information, respect des validations… Elle s’étend aussi dans le souci d’obtenir un feedback (bilan du projet, retours utilisateurs, etc.) afin de repérer ce qui a marché et ce qui a failli pour optimiser tout futur projet.

Évidemment la complexité des facteurs à prendre en compte dépend de celle du projet. On n’est pas obligé de mettre en place un workflow de multinationale pour réaliser le dessin d’une affiche. Mais c’est l’idée de qualité à la base comme au long de la collaboration, et de comment l’atteindre qui doit dans tous les cas être assimilée et placée au centre de votre démarche dans tous vos projets.

Constance

Quel que soit la demande en effet, on peut faire de la qualité, ça doit du moins rester un objectif. Y compris avec de petits budgets.
Si un projet est doté d’un budget limité, ce n’est pas la qualité qui doit être négociée mais l’étendue de la prestation : rognez les options, limitez les ambitions, recentrez les besoins, divisez les objectifs en étapes s’il le faut, mais veillez à proposer toujours le meilleur rapport entre la dépense et le résultat, la plus grande efficacité possible avec le budget alloué.

Budget « discount » n’est donc pas forcément synonyme de mauvaise qualité, à partir du moment où vous faites votre travail et où votre client fait le sien.

Conclusion

La qualité perçue comme notion « subjective » n’est due au mieux qu’à une ignorance de ce qui la compose et au pire qu’à une volonté de masquer son incapacité à la produire.
On dit très souvent « c’est une question de goût » pour éluder le fait qu’on a surtout failli à répondre aux objectifs d’un client et aux attentes de sa cible.
Ayez conscience de la nécessité permanente de résultat de votre travail et ne vous laissez pas aller à ce type de raisonnement trop pratique. La qualité de votre travail, évaluée et remise en cause à la lumière de facteurs objectifs, ne pourra alors que progresser.